Conditions d’engagement de la CUMP

PSYCHIATRIE
15/12/2018
ARM
1. identifier l'appelant, le lieu d'intervention et le patient

Identifier l’évènement, le nombre d’impliqués, le demandeur et la personne référente (directeur, chef d’établissement, responsable d’un service…) et prendre leurs coordonnées.

2. déterminer le niveau de priorité de l'appel initial

● P2 : confier la régulation à un médecin urgentiste hospitalier.

3. chercher à savoir

Engagement des secours déjà effectué.

Type d’évènement : événement à fort retentissement psychologique collectif, plans d’urgence, catastrophe annoncée, retentissement médiatique…

Nombre de personnes impliquées, blessées, décédées.

4. conseiller en attendant la régulation médicale et l'arrivée des secours

Envisager d’emblée ou secondairement une conférence à 3 entre appelant, médecin régulateur et référent CUMP.

5. adapter la décision si l’appel ne peut être régulé immédiatement
(sans objet)
Médecin régulateur

Indications d’intervention des CUMP

Les CUMP sont susceptibles d’intervenir dans 3 cadres :

- les plans d’urgence (plan ORSEC et autres plans catastrophe) sont la mission initiale et première des CUMP. L’engagement est systématique et se fait par le SAMU. Les modalités d’intervention sont à définir avec le médecin régulateur, le Directeur des Secours Médicaux sur place et le psychiatre référent.

- les évènements à fort retentissement psychologique relèvent d’une décision au cas par cas et représentent les interventions les plus fréquentes. Ils ne concernent parfois qu’un seul individu mais l’évènement a un effet psychologique aigu et intense sur le groupe (prise d’otages, suicide dans un lieu public, explosion limitée dans une usine, décès d’un ouvrier dans des circonstances dramatiques devant ses collègues, accident d’autocar sans blessé grave, agression grave d’un soignant sur son lieu de travail, accident grave d’un sapeur-pompier en cours d’intervention…). C’est ici que se pose couramment la question des limites parce que les indications, moins cadrées, répondent à une clinique psychiatrique, nécessitent une culture de la part des SAMU et ne peuvent pas être modélisées stricto sensu car l’ensemble des critères ne peut être objectivé. Bien que difficile à appréhender, le paramètre de déclenchement le plus pertinent est l’impact émotionnel de l’évènement sur les équipes de secours et les partenaires habituellement engagés qui fait dire que l’évènement en question sort de leur quotidien. Ce critère apparaît plus déterminant que le caractère collectif.

- un avis d’expert pourune situation de crise ou de pré-crise dont l’évolution est susceptible d’avoir un impact psychique collectif (risque épidémique du type méningite, évacuation de population…). Le psychiatre référent a ici un rôle d’expert et doit être positionné en amont, avec les décideurs, lors de l’élaboration des décisions. 

Indications inappropriées d’intervention et limites du champ de compétence

D’autres domaines ne relèvent pas des missions des CUMP telles l’urgence psychiatrique (cas individuels, pathologie mentale) et l’urgence sociale dans ses manifestations psychologiques (mouvements de revendication, grève de la faim…).

Modalités de déclenchement des CUMP

  • identifier le type d’évènement (plans d’urgence, évènement à fort retentissement psychologique collectif, catastrophe annoncée) et l’appelant.
  • déterminer le lieu, le nombre de personnes impliquées, blessées, décédées.
  • connaître l’identité et la fonction du demandeur, et prendre les coordonnées de la personne référente qui doit rester l’interlocuteur principal.
  • décider l’engagement de la CUMP d’un commun accord entre le médecin régulateur, le psychiatre référent, le demandeur détenteur de l’autorité et le Directeur des Secours Médicaux le cas échéant.
  • l’indication et le mode d’intervention sont posés par le psychiatre référent ou le coordonnateur CUMP d’astreinte.
  • si besoin, le SAMU apporte son soutien logistique à l’action de la CUMP.

Modalités d’intervention des CUMP

Toutes les CUMP, départementales, régionales et zonales, peuvent être engagées précocement par rapport à l’évènement. Cette première intervention est :

  • immédiate (sur le terrain, dans un local proche ou à l’hôpital) : elle comprend la prise en charge clinique des victimes et la gestion de la crise générée par l’évènement ;
  • post-immédiate (à partir de 48 heures et dans le premier mois) : la prise en charge peut être groupale ou individuelle ; elle peut concerner aussi des membres des équipes de secours ou du SAMU.

Ces deux temps d’intervention se font en partenariat avec d’autres cliniciens (médecins du travail, médecins scolaires, médecins généralistes…), ceci implique des formations pratiques. Le personnel CUMP a également un rôle d’évaluation et de coordination.

Au-delà des engagements précoces, la consultation spécialisée du psycho-traumatisme permet une prise en charge individuelle à moyen terme. Elle est en général organisée par les CUMP permanentes régionales ou zonales.

Organisation de l’urgence médico-psychologique

Le réseau national de prise en charge de l’urgence médico-psychologique repose sur la présence d’une CUMP dans chaque département. L’organisation du dispositif répond au découpage géographique des zones de défense civiles et prévoit une CUMP permanente par région administrative (CUMP régionale et CUMP zonale) et par département de plus d’un million d’habitants (CUMP renforcée), soit 39 au total. Ces CUMP permanentes assurent la gestion et la coordination du réseau départemental, constitué de psychiatres référents et de personnels volontaires (psychiatres, psychologues et infirmiers psychiatriques) exerçant en santé mentale et spécifiquement formés pour intervenir en cas d’événement majeur. Ces équipes interviennent dans le cadre des structures hospitalières d’aide médicale urgente. Un schéma-type d’intervention y est défini, en liaison avec les directeurs d’établissement concernés. Une procédure dégradée, en cas de non-réponse du référent départemental concerné, renvoie la demande d’intervention à la CUMP zonale, assurant une astreinte opérationnelle.

Bibliographie
  • Circulaire DH/EO4/DGS/SQ2 n° 97-383 du 28/05/1997 : création d’un réseau national de prise en charge de l’urgence médico-psychologique en cas de catastrophe
  • Circulaire DHOS/02/DGS/6C n° 2003/235 du 20/05/2003 : renforcement du réseau national de l’urgence médico-psychologique en cas de catastrophe
  • CROCQ L, DOUTHEAU C, LOUVILLE P, CREMNITER D. Psychiatrie de catastrophe. Réactions immédiates et différées, troubles séquellaires. Panique et psycho-pathologie collective. Encycl Méd Chir Psychiatrie 1998;37-113-D-10
  • PRIETO N, VIGNAT JP, WEBER E. Les troubles traumatiques précoces. Stress et Trauma 2002;2(1):39-44
  • PRIETO N, LEBIGOT F. Les soins psychiques précoces en cas de catastrophe. Stress et Trauma 2003;3(1):29-33.