Appel provenant d’un EHPAD

ORGANISATION > APPELS D'ORIGINE PARTICULIERE
23/12/2019
Introduction

En France, plus de 730 000 personnes vivent en EHPAD, soit 10% des plus de 75 ans et plus du tiers des plus de 90 ans. L’accueil de jour et l’hébergement temporaire concernent 4% de la population résidant en EHPAD.

ARM
1. identifier l'appelant, le lieu d'intervention et le patient

Compte tenu de la spécificité médico-sociale de ces établissements, il est recommandé de les répertorier comme « établissements remarquables » dans le système d’information du SAMU avec notamment :

  • localisation exacte, mode d’accès (jour, nuit, fériés)
  • capacité et type d’hébergement (hébergement permanent, hébergement temporaire, accueil de jour, Unité de Vie Protégée)
  • qualification du personnel le jour et la nuit, existence d’astreinte infirmière
  • coordonnées du médecin coordinateur
  • niveau de médicalisation, existence de protocoles préétablis
  • localisation du chariot d’urgence, du DAE.
2. déterminer le niveau de priorité de l'appel initial

P0 : appel par un personnel soignant pour détresse vitale évidente, arrêt cardio- respiratoire non attendu, fausse route asphyxiante….

P1 : dégradation clinique brutale non attendue, affection pouvant mettre en jeu le pronostic vital rapidement, défaillance aiguë nécessitant la mise en place d’une thérapeutique rapidement (trouble de la conscience, signes neurologiques évoquant un Accident Vasculaire Cérébral, dyspnée, douleur thoracique…)

P2 : absence de détresse vitale, demande de conseil par le personnel de l’EHPAD, demande de transport sanitaire non urgente, demande d’avis médical pour temporiser de quelques heures un transport sanitaire.

3. chercher à savoir

- motif d’appel en rapport avec une situation aiguë ou évolution d’une pathologie chronique

- accessibilité et consultation par le personnel soignant du Dossier de Liaison d’Urgence (DLU)

- degré de dépendance du résident, quantifié par la cotation GIR renseignée dans le DLU (de 1 complétement dépendant à 6 autonome).

4. conseiller en attendant la régulation médicale et l'arrivée des secours

Mise en œuvre de gestes secouriste d’urgence si nécessaire.

5. adapter la décision si l’appel ne peut être régulé immédiatement

S’assurer que le chariot d’urgence a été rapproché du résident, que les gestes d’urgence ont été initiés.

Si présence d’une infirmière, possibilité de réaliser un ECG avec transmission par télécopie ou par messagerie sécurisée vers le SAMU, faire installer une voie veineuse de sécurité en fonction de la détresse présentée par le résident.

Médecin régulateur
Régulation
1. éléments d’analyse et critères de gravité

L’analyse des critères de gravité prend en compte plusieurs types d’éléments :

1) le motif d’appel :

       - évolution d’une pathologie chronique

       - situation aiguë en rapport avec une pathologie antérieure

       - situation aiguë en rapport avec une pathologie surajoutée

2) l’état clinique antérieur :

       - démence connue (légère, modérée, sévère)

       - troubles du comportement, syndrome confusionnel existant

       - état grabataire, gastrostomie percutanée, oxygénothérapie au long cours

       - hospitalisation récente : établissement, service, motif et durée,

       - existence d’un projet de soins individuel

3) la symptomatologie clinique :

       - en rapport avec une pathologie chronique : agitation, confusion, agressivité…

       - en rapport avec une pathologie surajoutée : dyspnée, douleur thoracique, cyanose, sueurs, douleur…

4) l’environnement psycho-social

       - mode de vie en EHPAD (reste dans sa chambre, participe aux activités, projet de vie du résident)

       - évaluation du degré d’autonomie (Groupe Iso Ressources de 1 à 6)

       - isolement

5) le désir du patient et les attentes de l’entourage familial

       - niveau de compréhension et d’information des pathologies et des soins en cours

       - demande du patient ou de la famille par rapport à une pathologie connue évoluée

       - existence de directives anticipées

6) l’éventualité de mise en place de soins palliatifs

7) l’existence d’un Dossier de Liaison d’Urgence complété.

2. déterminer le niveau d’urgence

Le niveau d’urgence tient compte des symptômes actuels, de l’état général antérieur et des paramètres vitaux du patient donné par l’équipe soignante :

P1 : affection aiguë avec critères d’urgence chez un patient ne présentant pas d’autre affection pour laquelle l’absence de possibilités thérapeutiques est connue et documentée

P2 : urgence vraie sans détresse vitale

P3 : recours à la permanence des soins, en l’absence du médecin traitant ou référent

P4 : conseil médical ou mise en place d’une thérapeutique en l’absence du médecin traitant ou d’un médecin de garde.

3. conseils médicaux

En attendant l’arrivée des secours :

Selon l’état clinique du patient et la qualification du personnel présent auprès du résident : oxygénothérapie, pose de voie veineuse périphérique, réalisation d’un ECG et transmission à la régulation, gestes d’urgence vitale (mise en place d’un DAE, réalisation d’une RCP, manœuvre de Heimlich), préparation du DLU.

4. niveau de soins attendu et bilan par le premier effecteur

Bilan des fonctions vitales, des symptômes constatés et du conditionnement mis en œuvre ; communication du DLU.

Devant un ACR dans un contexte de pathologie chronique évoluée, d’absence de possibilités thérapeutiques, de l’existence de directives anticipées, le médecin régulateur peut faire arrêter la RCP secouriste et définir un horaire de décès. Il engage ensuite un médecin de proximité pour constater le décès dans les meilleurs délais.

5. mise en condition et bilan par le SMUR

Mise en condition en fonction de la pathologie actuelle, de l’état antérieur et du projet de soins, idéalement en concertation avec le médecin traitant ou le médecin coordonnateur de l’EHPAD.

Orientation du patient
  • SAUV ou plateau technique spécialisé si affection aiguë le justifiant chez un patient en bon état général et présentant une autonomie conservée.
  • SU en l’absence d’indication de recours urgent à un plateau technique spécialisé.
  • Cours Séjour Gériatrique si organisation en réseau de soins gérontologiques existante.
Suivi de la régulation médicale

En l’absence d’envoi d’un effecteur, organiser la prise en charge et la surveillance sur place ainsi qu’une procédure de rappel.

En cas d’hospitalisation, transmission au service receveur du motif d’hospitalisation, du DLU et du bilan secouriste de l’effecteur.

Adaptation de la décision

Cf. la fiche Procédures dégradées générales

Devant une détresse patente aiguë et en complément du personnel soignant sur place, engagement d’un médecin de proximité et d’une équipe secouriste.

Orientation : Service d’urgence de proximité pour réalisation d’un premier bilan hospitalier.

Aide au raisonnement

Groupes GIR (Groupes Iso-Ressources) : grille d’évaluation de la perte d’autonomie mentale, corporelle, locomotrice et sociale ; de la grande dépendance (GIR-1) à la perte faible d’autonomie (GIR-6).

Dossier de Liaison d’Urgence (DLU) : renseigné par le médecin traitant et l’équipe soignante de l’EHPAD lors de l’admission du résident et actualisé au cours du séjour, il synthétise les principales informations médico-psycho-sociales du résident pour une prise en charge en urgence la plus adaptée possible et doit accompagner tout résident adressé à un service hospitalier en urgence.