Appel d’une personne âgée

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23/12/2019
Introduction

La particularité de la régulation médicale d’un appel pour une personne âgée réside dans une évaluation multiparamétrique prenant en compte de nombreux éléments médico-psycho-sociaux du patient gériatrique (polypathologies, degré de dépendance).

ARM
1. identifier l'appelant, le lieu d'intervention et le patient

Caractériser l’appelant : patient, conjoint, entourage familial, voisinage, soignants…

Caractériser le lieu d’intervention : domicile, EHPAD, cabinet médical…

Identifier le motif d’appel : situation aiguë, évolution aiguë d’une pathologie chronique.

2. déterminer le niveau de priorité de l'appel initial

P0-P1 (selon signes et circonstances) : situation aiguë ou évolution d’une pathologie chronique mettant en jeu le pronostic vital.

P2 : autres cas.

3. chercher à savoir

Le mode de vie habituel du patient (domicile, institution), le niveau d’autonomie actuel (cotation GIR si le patient vit en EHPAD), la présence d’un entourage au domicile, l’état physique global actuellement et sur les dernières semaines, le nom du médecin traitant habituel et la date de la dernière consultation.

4. conseiller en attendant la régulation médicale et l'arrivée des secours

Informer le requérant du transfert de l’appel au médecin. Montrer et formuler sa compréhension du ressenti de l’appelant (patient et/ou entourage) sous forme d’empathie et adapter son élocution afin d’être compris par un appelant âgé.

5. adapter la décision si l’appel ne peut être régulé immédiatement

En cas de détresse vitale présumée par l’ARM, engager un protocole préétabli (Massage Cardiaque Externe, mise en Position Latérale de Sécurité).

Sinon, dans la mesure du possible,  poursuivre une écoute empathique.

Médecin régulateur
Régulation
1. éléments d’analyse et critères de gravité
  • faire préciser le motif d’appel réel,
  • repérer d’éventuels problèmes médico sociaux associés (isolement, difficulté au maintien à domicile déjà connu, ré hospitalisation précoce, passage récent aux urgences, multiples consultations médicales récentes),
  • préciser l’état clinique antérieur, la qualité de vie habituelle (GIR si patient en EHPAD, directives anticipées, limitations thérapeutiques déjà actées), la symptomatologie clinique actuelle, les traitements en cours,
  • rechercher d’éventuelles modifications thérapeutiques récentes (médecin traitant, urgentiste, cardiologue…)
  • caractériser l’environnement psycho-socio-familial du patient (seul ou en couple / logement adapté / insalubre / escaliers / chauffage / salle de bain correcte…),
  • préciser le désir du patient et de son entourage et si la décision est partagée par le patient et son entourage.
2. déterminer le niveau d’urgence

Le degré d’urgence prend en compte l’état général clinique actuel et antérieur du patient, son niveau d’autonomie habituel, son âge physiologique.

R1 : patient autonome, urgence vitale avérée ou latente.

R2-R3 : patient autonome sans détresse vitale immédiate, patient dépendant ou autonome habituellement ; gradation de la réponse en fonction du motif d’appel, du probable recours à des soins hospitaliers dans la prise en charge.

R4 : patient autonome avec un motif d’appel simple, et pour lequel un avis médical peut suffire après s’être assuré de la complète compréhension de l’avis par l’appelant ou par la personne âgée.

3. conseils médicaux

• En attendant l’arrivée des secours :

  • Etre empathique et rassurant,
  • Faire assoir le patient âgé dyspnéique.
  • Mettre en Position Latérale de Sécurité le patient présentant un trouble de la vigilance et lui libérer les voies aériennes supérieures.
  • Continuer à faire surveiller visuellement le patient gériatrique et le maintenir éveillé jusqu’à l’arrivée des secours.

• En l’absence de nécessité d’envoi de secours :

  • Les critères décisionnels médicaux sont multiples pour adapter une réponse. Il convient de prendre le temps nécessaire pour récupérer un maximum d’informations disponibles pour corroborer ou non l’envoi de secours, par contact avec le médecin traitant, le personnel de l’EHPAD, des réseaux gérontologiques (soins palliatifs, HAD, SSIAD).
4. niveau de soins attendu et bilan par le premier effecteur

Premier bilan secouriste standard, traitement en cours (récupérer l’ensemble des ordonnances du patient gériatrique), renseignement sur les habitus du patient, les aides à la personne déjà en place, l’existence d’un aidant familial ou de voisinage.

5. mise en condition et bilan par le SMUR

Pas de spécificité dans la prise en charge hormis la recherche d’un niveau de soins préalablement défini par le médecin traitant ou lors d’une précédente hospitalisation du patient gériatrique (pas d’intubation, pas de réanimation intensive, directives anticipées existantes…).

Orientation du patient

L’hospitalisation est déterminée par un état clinique instable ou difficile à évaluer sur place par le secouriste ou le médecin présent auprès du patient.

La recherche d’alternative à l’hospitalisation (orientation vers un réseau de soins, organisation de consultation médicale rapprochée, recours à un tiers aidant) doit être recherchée et privilégiée si possible.

Une admission dans un service d’urgence doit être appropriée à la situation clinique et répondre au caractère non programmable de l’hospitalisation.

Le maintien d’une personne âgée dans son environnement de vie lors d’une situation de fin de vie ou dans une situation de grabatisation avancée doit être privilégié en l’absence de facteur améliorable par une hospitalisation non programmée.

Suivi de la régulation médicale

Veiller à ce que l’appelant ait bien compris la décision médicale et les modalités d’orientation (lieu d’hospitalisation, maintien sur le lieu de vie).

Adaptation de la décision

En cas d’urgence de niveau R1 et en l’absence de SMUR disponible, déclenchement d’un moyen secouriste de type VSAV et un médecin de proximité.

En l’absence de possibilité de réaliser un examen médical sur le lieu de vie, envisager le transférer vers le SU de proximité si la situation clinique le nécessite.

Aide au raisonnement

Score ADL (Activity of Daily Living) : 0 = dépendance totale, 6 = autonomie totale ;

6 critères (se laver, s’habiller, se rendre aux toilettes, se déplacer, s’alimenter, être continent), la présence de chaque compte pour 1 point.

Score ISAR (Identification Systématique des Aînés à Risques) : questionnaire réalisable par tout soignant qui permet de repérer les personnes âgées fragiles ; spécifiquement développé pour les malades des urgences ; un score supérieur ou égal à 2 nécessite une évaluation gériatrique ;
6 questions (avez-vous des aides à domicile avant cette situation aiguë ? depuis le début des symptômes, avez-vous eu besoin de plus d’aide ? avez-vous été hospitalisé au cours des 6 derniers mois ? avez-vous des problèmes de vue ? avez-vous des problèmes de mémoire ? prenez-vous plus de 3 médicaments par jour ?), chaque réponse affirmative est côté 1.

Groupes GIR (Groupes Iso-Ressources) : grille d’évaluation de la perte d’autonomie mentale, corporelle, locomotrice et sociale ; de la grande dépendance (GIR-1) à la perte faible d’autonomie (GIR-6).