Infections à virus grippaux d’origine aviaire

INFECTIOLOGIE
02/05/2019
Introduction

Les virus grippaux d’origine aviaires sont très occasionnellement responsables de pathologies respiratoires sévères à forte mortalité, justifiant des mesures thérapeutiques urgentes.

ARM
2. déterminer le niveau de priorité de l'appel initial

P1 : suspicion de grippe aviaire, mauvaise tolérance respiratoire (dyspnée) ou neurologique (somnolence).

P2 : autres cas.

3. chercher à savoir

Dates du début des symptômes et de l’exposition à risque (volailles domestiques ou sauvages, voyage en Chine ou autre pays réservoir de foyers d’influenza aviaires).

4. conseiller en attendant la régulation médicale et l'arrivée des secours

Mesures d’hygiène dans l’entourage immédiat du patient : isoler le patient, au minimum mesure de distanciation physique et de lavage des mains.

5. adapter la décision si l’appel ne peut être régulé immédiatement

Si mauvaise tolérance respiratoire et/ou neurologique lorsque l’alerte sanitaire est connue : engager un moyen secouriste avec mesures de protection individuelle « air et contact » (masque FFP2, sarrau, gants, lunettes anti-projection).

Médecin régulateur
Régulation
1. éléments d’analyse et critères de gravité

• signes de gravité : signes d’infection respiratoire aiguë basse grave.

• critères d’exposition à risque : au cours des 10 jours avant le début des symptômes :

- voyage ou séjour dans les pays à risque (cf. aide au raisonnement)

- ou contact rapproché et non protégé avec des oiseaux infectés par un virus aviaire ou suspects d’infection (élevage de volailles avec une haute mortalité, oiseaux sauvages morts) et plus particulièrement plumes, déjections, résidus des animaux lors des processus de nettoyage et désinfection des zones où un virus influenza aviaire hautement pathogène a été détecté.

2. déterminer le niveau d’urgence

R1 : en cas de détresse vitale ou si critères de définition des cas ; prévenir les équipes de la nécessité d’une protection individuelle (cf. ci-dessous).

R2 : ambulance, pour un patient restant suspect et nécessitant des explorations complémentaires, avec poursuite de l'application des mesures d'hygiène (cf. ci-dessous).

R3 : si l’InVS récuse le cas et si signes mineurs.

3. conseils médicaux

Mesures d’hygiène : protection individuelle préalable « air et contact » des soignants au contact et des équipages SMUR, ambulanciers, sapeurs-pompiers, avec masque FFP2, sarrau, gants, lunettes anti-projection.

4. niveau de soins attendu et bilan par le premier effecteur

Paramètres vitaux, mesures d’isolement du patient.

5. mise en condition et bilan par le SMUR

Traitement d’une éventuelle détresse respiratoire en priorité.

Mesures d’hygiène adaptées :

- patient : lavage de mains et port de masque chirurgical

- équipe SMUR : port de masque FFP2, surblouses et gants (mesures « air et contact »).

Recenser les personnes contacts à domicile (identité et coordonnées téléphoniques) qui seront transmises au service d’accueil et à l’ARS.

Orientation du patient

Après avis de l’infectiologue référent et de l’ARS, et selon la présence ou non de signes de gravité cliniques, orientation vers le service de maladies infectieuse ou de réanimation médicale adapté.

Suivi de la régulation médicale

Alerte systématique et urgente des autorités sanitaires (ARS, InVS).

Adaptation de la décision

En cas de difficultés à l’identification de l’exposition et en l’absence de critères de gravité cliniques, envoi d’un médecin à domicile avec consignes de mesures d’hygiène adaptées.

De façon exceptionnelle et après accord individuel de chacun des acteurs (infectiologue référent, médecin responsable du SU, médecin régulateur), le patient peut être temporairement orienté vers le SU, avec anticipation des mesures d’isolement.

Aide au raisonnement

Les virus grippaux d’origine aviaires sont très occasionnellement responsables de pathologies respiratoires sévères à forte mortalité justifiant des mesures thérapeutiques urgentes. Les virus grippaux circulants chez les animaux et notamment chez les oiseaux sauvages et/ou domestiques, peuvent être responsables par transmission occasionnelle à l’homme de grippes graves. Elles sont principalement dues à des virus influenza de type A. Dans les dernières années, les virus A (H5N1), (H7N9), (H5N6)… ont été identifiés dans des formes graves de grippes chez l’homme, avec des létalités jusqu’à 50%. Ces virus sont dans la plupart des cas sensibles aux inhibiteurs de la neuraminidase (oseltamivir), d’autant plus que le traitement est débuté précocement (<48h après le début des symptômes). Il n’y a à ce jour aucune transmission interhumaine mise en évidence, mais la possibilité de réassortiments avec d’autres virus grippaux laisse la survenue de cette transmission possible et justifie les mesures d’isolement citées.