Victime d'incendie

BRULURES et FUMEES
30/12/2018
Introduction

L’appel initial est souvent peu précis. La notion de victimes sans précision justifie l’engagement de moyens SMUR.

ARM
1. identifier l'appelant, le lieu d'intervention et le patient

Dans tous les cas, il faut organiser une conférence téléphonique avec les SP s’ils ne sont pas déjà informés.

2. déterminer le niveau de priorité de l'appel initial

P0 : arrêt cardiaque, inconscient ou blessé grave devant témoin ou constaté par les SP sur place, nombreuses victimes.

P1 : tout incendie avec victimes conscientes.

3. chercher à savoir

• appel direct d’un particulier ou transmission par les SP (départ pour feu).

• nombre de victimes notamment enfants, femmes enceintes et personnes âgées.

• risques particuliers (toxique, explosion, collectivité, densité de population), incendie domestique ou industriel, maîtrise ou non de l’incendie.

4. conseiller en attendant la régulation médicale et l'arrivée des secours

Éviter les suraccidents, s’éloigner des fumées ; prise en charge d’une brûlure, d’un traumatisé ou d’un ACR (voir fiches).

5. adapter la décision si l’appel ne peut être régulé immédiatement

S’assurer des informations, de l’engagement des SP, du nombre et de l’adéquation des moyens dépêchés.

Médecin régulateur
Régulation
1. éléments d’analyse et critères de gravité

La notion de victimes sans précision justifie l’engagement de moyens SMUR.

  • critères cliniques de gravité : arrêt cardiaque, collapsus cardio-vasculaire, douleur thoracique, troubles de conscience persistants ou transitoires, détresse respiratoire, suies dans les voies aériennes, brûlure grave, traumatisme grave.
  • critères circonstanciels de gravité : espace clos, milieu industriel, mesure ambiante de CO supérieure à 50 ppm, explosion (même en extérieur), accident en grande hauteur.
2. déterminer le niveau d’urgence

R1 : critères cliniques ou circonstanciels de gravité.

R2 : symptômes mais absence de critère de gravité.

R4 : absence de toute plainte chez un témoin proche mais non exposé.

3. conseils médicaux

• En attendant l’arrivée des secours : mise en sécurité des personnes et des lieux, soustraction à l’exposition aux fumées, prise en charge d’une brûlure, d’un traumatisé ou d’un ACR (voir fiches).

• En l’absence de nécessité d’envoi des secours : (sans objet).

4. niveau de soins attendu et bilan par le premier effecteur

État des lieux (circonstances, risques, maîtrise du sinistre, nombre de victimes…), mesure CO dans l’atmosphère, paramètres vitaux et bilan lésionnel pour chaque victime, oxygénothérapie de toute victime exposée aux fumées (MHC : 12 L/min), gestes de premier secours.

5. mise en condition et bilan par le SMUR

Bilan d’ambiance précoce pour décider d’éventuels renforts médicaux ou techniques (oxygène, antidotes…) ; tri des victimes ; préparer conjointement avec le médecin régulateur un accueil hospitalier dimensionné à l’événement ; poursuite de la prise en charge des détresses vitales ; bilan évolutif régulier pour chaque victime ; poursuite de l’oxygénothérapie ; mesure du CO expiré (CO-testeur) pour tous les exposés ; recherche méticuleuse de troubles neurologiques transitoires ; perfusion d’hydroxocobalamine en cas de suspicion d’intoxication aux cyanures (ACR, collapsus, bradypnée <12/min, troubles neurologiques, hyperlactacidémie >8mmol/L).

Orientation du patient

• consultation médicale systématique sur les lieux pour toute personne exposée.

• SAU : victimes stables sans signe de gravité, penser à la nécessité d’un bilan ORL et/ou bronchique en cas d’inhalation de fumées.

• SAUV : bilan vital, traumatique et toxicologique avant orientation en service de réanimation, d’oxygénothérapie hyperbare, de brûlés ou de traumatologie.

Suivi de la régulation médicale

• suivre l’évolution clinique des victimes jusqu’à leur admission à l’hôpital.

• tenir compte des polypathologies : brûlé intoxiqué traumatisé blasté.

• anticiper l’afflux de victimes (Direction de l’hôpital, ARS), rechercher les places d’hospitalisation notamment en unités spécialisées.

• mettre à disposition les vecteurs de transport adaptés (hélicoptère…).

• discuter l’engagement éventuel de la CUMP.

Adaptation de la décision

Cf. la fiche Procédures dégradées générales

  • Régulation : en cas d’urgence R1 et d’absence d’UMH disponible, faire prévenir un médecin ou un infirmier pompier (VSAV déjà intégré aux moyens engagés contre le feu).
  • Orientation : penser au plateau technique nécessaire et à la disponibilité de services adaptés en collaboration avec les SAMU limitrophes.
Aide au raisonnement

Le médecin régulateur doit rappeler aux intervenants du SMUR la nécessité de se protéger et de s’installer en zone sécurisée.

Un taux ambiant de CO égal à 50 ppm est un seuil d’alerte, témoin d’une exposition anormale. Les intoxications au CO ou au CN peuvent être trompeuses. La majorité des décès par incendie est due aux intoxications par les fumées et non aux brûlures.

Une atteinte respiratoire signe une gravité particulière (intoxication, brûlure, blast).

Les prélèvements biologiques précoces ont un intérêt médico-légal et pour le diagnostic toxicologique, la biologie délocalisée (lactates) est utile.

Penser aux polypathologies : brûlé intoxiqué traumatisé blasté.

Se méfier du patient avec troubles neurologiques transitoires ou devenant rassurant sous oxygénothérapie. Un malade confus ou agité doit être considéré comme intoxiqué.

S’assurer de la disponibilité en antidotes : oxygène, hydroxocobalamine.

Anticiper l’afflux éventuel de victimes, penser au déclenchement des plans de secours.

En l’absence d’équipe SSSM ou sur demande du SSSM, envisager l’envoi d’équipes SMUR pour assurer le soutien sanitaire.