Hypothermie accidentelle

PATH CIRCONSTANCIELLES
02/05/2019
Introduction

L’hypothermie n’est pas forcément le motif d’appel mais il faut la dépister en raison du risque de fibrillation ventriculaire ou d’aggravation de l’état du patient.

ARM
2. déterminer le niveau de priorité de l'appel initial

P0 : absence d’activité ventilatoire.

P1 : absence de réponse aux ordres simples.

P2 : patient conscient qui frissonne.

3. chercher à savoir

Circonstances :

- accident suraigu : immersion.

- accident aigu : accident de la voie publique avec incarcération et intempéries, contexte de montagne, victime polytraumatisée…

- survenue progressive : intoxication médicamenteuse volontaire, hypoglycémie, allongé au sol retrouvé après la 24ème heure, inadaptation vestimentaire, nuit au froid…

Penser aux victimes retrouvées inconscientes sur la voie publique ("SDF qui dort") ou à domicile ("ouverture de porte").

4. conseiller en attendant la régulation médicale et l'arrivée des secours

Gestes de secourisme si nécessaire.

Toute mobilisation doit être prudente (risque de passage en fibrillation ventriculaire).

5. adapter la décision si l’appel ne peut être régulé immédiatement

Engagement immédiat d’un moyen secouriste équipé d’un défibrillateur et d’oxygène.

Médecin régulateur
Régulation
1. éléments d’analyse et critères de gravité

• Diagnostic positif : température <35°C (mesure tympanique si pas d’arrêt cardiaque).

• Critères de gravité :

- majeurs : température <28°C ; état de mort apparente ; association troubles de conscience bradypnée bradycardie (relative si traumatisme associé).

- relatif : absence de frisson (frissons présents si température >32°C).

2. déterminer le niveau d’urgence

R1 : température <32°C, mesurée ou suspectée (circonstances et absence de frisson).

R2 : température >32°C, mesurée ou suspectée (conscient et frissons).

Les frissons sont souvent absents chez les nourrissons et les personnes âgées.

3. conseils médicaux

• En attendant l’arrivée des secours :

- éviter les mobilisations mais réaliser les gestes qui sauvent si nécessaire.

- ne pas surélever les membres inférieurs même en l’absence de pouls périphériques.

- sécher, déshabiller si vêtements mouillés.

- réaliser un réchauffement externe actif si le patient frissonne, pas de réchauffement actif en l’absence de frissons.

- dans tous les cas : abriter, isoler du sol et du vent, isolation thermique.

4. niveau de soins attendu et bilan par le premier effecteur

Paramètres vitaux, circonstances détaillées, gestes de secourisme, déshabillage sans mobilisation (vêtements mouillés), isolation thermique (matelas à dépression et couvertures isolantes).

5. mise en condition et bilan par le SMUR

- mesure précise de la température centrale : idéalement sonde rectale à 15 cm de la marge anale ; mesure tympanique suffisante chez les patients qui ne sont pas en arrêt cardiaque et s’il n’y a pas de neige dans le conduit auditif externe ; la mesure œsophagienne majore le risque de passage en fibrillation ventriculaire.

- respect de la bradycardie, pas d’administration médicamenteuse notamment pas d’amines si T<30°C (hypothermie stade 3).

- transport sous MCE et ventilation assistée si tableau d’état de mort apparente (hypothermie stade 4), un patient en hypothermie accidentelle n’est pas mort tant qu’il n’est pas réchauffé et mort.

Orientation du patient

- réanimation avec circulation extracorporelle : hypothermie comme cause de l’arrêt cardiaque, T<30°C et état de mort apparente (transport sous MCE et ventilation assistée).

- réanimation : T<32°C et activité circulatoire conservée.

- SU : T>32°C avec bilan fonctionnel non menaçant.

Suivi de la régulation médicale

Pas de spécificité.

Adaptation de la décision

Orientation vers une structure ne disposant pas d’une circulation extracorporelle mais pouvant mettre en œuvre une dialyse péritonéale de réchauffement.

Aide au raisonnement

L’hypothermie est exceptionnellement isolée et peut passer inaperçue alors qu’elle conditionne le pronostic immédiat du patient.

La gravité de l’hypothermie est proportionnelle à sa profondeur. Le risque est majeur en dessous de 30°C avec la survenue d’une fibrillation ventriculaire résistante aux chocs électriques et conduisant au décès, notamment lors de la mobilisation de la victime (rescue collapse).

Le remplissage vasculaire ou l’administration d’amines en dessous de 30°C sont potentiellement dangereux.

Cliniquement, l’absence de bradycardie chez un patient en hypothermie peut cacher une détresse circulatoire.

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