Troubles de la vision et cécité brusques

ORL, STOMATO, OPHTALMO
22/11/2018
Introduction

L’aura visuelle de la migraine est une cause habituelle d’appels pour troubles visuels. Toutefois l’origine vasculaire ischémique d’un trouble de la vue d’apparition soudaine doit être systématiquement recherchée. D’autres étiologies sont à évoquer dont le décollement de rétine, le glaucome aigu.

ARM
2. déterminer le niveau de priorité de l'appel initial

P1  AMU ou PdS

3. chercher à savoir

Mécanisme : spontané ou traumatique, pénétrant ou non
Présence d’autres signes accompagnateurs : douleur, rougeur, céphalées

4. conseiller en attendant la régulation médicale et l'arrivée des secours

Mécanisme spontané : repos, de préférence en position allongée.

Mécanisme traumatique : appliquer sans pression un linge propre sur l’œil en cas de plaie ou saignement ; rincer abondamment à l’eau claire en cas de brûlure chimique ou thermique.

5. adapter la décision si l’appel ne peut être régulé immédiatement

(sans particularité).

Médecin régulateur
Régulation
1. éléments d’analyse et critères de gravité

Mécanisme spontané :
Identifier le type de trouble visuel : baisse partielle ou totale de l’acuité visuelle (flou, cécité) de toute ou partie du champ visuel, scotome, phosphènes, photophobie, chromatopsies, diplopie, etc…
L’atteinte est-elle monoculaire ou bilatérale (faire cacher alternativement un œil puis l’autre) ?
Rechercher l’heure de début et l’évolution : atteinte transitoire ou constituée ?
Rechercher les signes accompagnateurs : céphalées, douleur oculaire, œil rouge, déficit neurologique, …
Identifier les antécédents ; ophtalmiques (glaucome, myopie, chirurgie, ...), neurologiques (migraines, accidents vasculaires, …), les facteurs de risque cardio-vasculaires.
Rechercher les traitements en cours (antihypertenseurs, antiagrégants, anticoagulants).

Mécanisme traumatique :
Identifier le facteur lésionnel ; plaie de globe, brûlure chimique ou thermique

Signes de gravité : troubles de la conscience, plaie hémorragique, instabilité hémodynamique, convulsions

2. déterminer le niveau d’urgence

R1 : si détresse vitale

R2 : autres cas

R3 : dans le cas des auras migraineuses (voir fiche migraine).

3. conseils médicaux

Calmer, rassurer le patient et son entourage
Allonger en décubitus dorsal. En position latérale de sécurité en cas de troubles de la conscience.
Appliquer un linge propre sur l’œil traumatisé si nécessaire. Rincer à l’eau claire en cas de brulure chimique ou thermique
Prescription médicamenteuse téléphonique dans le cadre de la pharmacie familiale en vue d’initier le traitement antalgique si nécessaire

4. niveau de soins attendu et bilan par le premier effecteur

Paramètres vitaux. Recherche de signes déficitaires associés.

Pansement oculaire de protection sur l’œil traumatisé si nécessaire.

5. mise en condition et bilan par le SMUR

(sans particularité).

Orientation du patient

- Suspicion d’accident vasculaire : unité neuro-vasculaire.

- Aura migraineuse : orientation selon la tolérance de la céphalée.

- Autres hypothèses : plateau technique ayant accès à un ophtalmologiste de garde.

Suivi de la régulation médicale

Consignes de rappel au 15 en cas d’aggravation des symptômes avant l’arrivée des secouristes.

Adaptation de la décision

Cf. la fiche Procédures dégradées générales

Orientation en SU de proximité.

Aide au raisonnement

Une cécité monoculaire transitoire (quelques secondes à quelques minutes) doit faire évoquer une sténose de la carotide interne.
Un trouble visuel monoculaire aigu et fixé doit faire rechercher une occlusion de l’artère centrale de la rétine, une maladie de Horton (neuropathie optique ischémique antérieure), un décollement de rétine ou une hémorragie intra-oculaire.
Une atteinte visuelle binoculaire transitoire et récidivante évoque une aura migraineuse mais doit faire redouter un accident ischémique en particulier vertébrobasilaire