Corps étranger ingéré ou inhalé

ORL, STOMATO, OPHTALMO
02/05/2019
Introduction

Les corps étrangers (CE) sont plus souvent déglutis qu’inhalés. En cas d’inhalation avec asphyxie, la guidance téléphonique des gestes de secours doit être immédiate. Certains CE sont hautement toxiques (piles-bouton…).

ARM
2. déterminer le niveau de priorité de l'appel initial

P0 : arrêt cardiorespiratoire.

P1 : gêne respiratoire sévère.

P2 : autres situations.

3. chercher à savoir

Nature du CE, circonstances et heure d’ingestion ou d’inhalation.

4. conseiller en attendant la régulation médicale et l'arrivée des secours

- guider la manœuvre de Heimlich (ou de Mofenson chez le nourrisson) en cas de CE asphyxique.

- éviter toute tentative d’extraction si la respiration est possible, garder le patient en position assise ou celle dans laquelle il est le mieux, laisser à jeun.

5. adapter la décision si l’appel ne peut être régulé immédiatement

Engagement immédiat d’un moyen secouriste équipé d’un défibrillateur et d’oxygène.

Médecin régulateur
Régulation
1. éléments d’analyse et critères de gravité

- CE ingéré : dysphagie persistante, hypersialorrhée.

- CE inhalé : syndrome de pénétration, dyspnée, toux.

- critères de gravité : détresse respiratoire, CE agressif (caustique, perforant, aimants, pile-bouton), troubles de conscience.

2. déterminer le niveau d’urgence

R1 : détresse respiratoire, troubles de conscience.

R2 : dyspnée bien tolérée avec possibilité de parler, syndrome de pénétration initial sans dyspnée résiduelle, dysphagie persistante sans dyspnée, pile-bouton, caustique.

R4 : dysphagie qui a existé mais qui a disparu spontanément, corps étranger non agressif.

3. conseils médicaux

• En attendant l’arrivée des secours :

- en cas d’asphyxie aiguë, ne pas tenter l’extraction au doigt, manœuvre de Heimlich (jusqu’à 5 claques dans le dos puis compression abdominale vers le haut) (ou manœuvre de Mofenson chez le nourrisson) avant toute tentative d’assistance respiratoire de sauvetage ;

- si le patient peut respirer, ne pratiquer aucune tentative d’extraction ni vomissement provoqué, garder le patient en position assise ou celle dans laquelle il est le mieux, laisser à jeun.

• En l’absence de nécessité d’envoi des secours : consulter un médecin si les symptômes réapparaissent, éventuellement tamiser les selles (CE ingéré).

4. niveau de soins attendu et bilan par le premier effecteur

Paramètres vitaux, évaluation de l’intensité de la détresse respiratoire et de la dysphagie ; gestes de sauvetage et oxygénation si nécessaire.

5. mise en condition et bilan par le SMUR

(pas de spécificité).

Orientation du patient

- SU : absence de détresse respiratoire.

- SAUV ou réanimation : détresse respiratoire ou CE agressif.

- chez l’enfant et si le facteur temps le permet, privilégier une structure où l’équipe médicale (anesthésiste, ORL) est habituée aux endoscopies pédiatriques.

Suivi de la régulation médicale

Prévenir la structure d’accueil pour anticiper l’arrivée d’un malade dyspnéique.

Adaptation de la décision
Aide au raisonnement

Penser systématiquement au CE (corps étrangers) lors d’un malaise brutal au cours d’un repas notamment en milieu gériatrique ou psychiatrique.

Les CE sont plus souvent déglutis qu’inhalés mais un CE œsophagien compressif peut provoquer une dyspnée.

Après ingestion de CE, l’hypersialorrhée avec toux signe un blocage complet de l’œsophage avec inhalation de salive.

Un CE agressif (perforant, caustique, piles-bouton) ou ancien (plus de 36 à 48h) justifie une extraction endoscopique.

Chez les patients atteints de déficit mental, la découverte de l’absorption d’un CE peut être tardive à un stade où les lésions muqueuses sont évoluées (médiastinite…).

Toux et sepsis plusieurs heures après l’ingestion d’un CE doivent faire évoquer une médiastinite débutante.

Les difficultés extrêmes d’intubation (indications, technique) d’un enfant dyspnéique justifient dans la mesure du possible l’envoi d’une équipe SMUR expérimentée.