Du pied de l’arbre à la Télémédecine et à l’e-Santé

GENERALITES
24/11/2018
Document

Professeur Louis LARENG, Président Fondateur de SAMU de France, Président de la Société Européenne de TéléMédecine et e-Santé

Le matin : une heure de décision, d’élan,
d’enthousiasme, une heure qui rend à l’homme
la fraîcheur de sa volonté ; un départ :
un début de voyage !
(Gabrielle ROY)


Avec la création du SAMU (1968) l’on assiste à la naissance de la Médecine extra-hospitalière jusqu’alors interdite par les Règlements. Le SAMU est né “au pied de l’arbre”, dans un contexte où les morts, par accidents de la route, ne cessaient d’augmenter annuellement malgré les efforts remarquables prodigués sur les lieux des accidents par les secouristes et les médecins généralistes.
Le premier SAMU a été à l’origine de la mise en place de Centres de Réanimation dans les Hôpitaux, à proximité de l’Accueil des Urgences, qui désormais nécessiteraient une meilleure médicalisation.
Dès lors que les blessés graves de la Route “mourraient moins” au cours de leur transport, ils relèveraient en effet de Soins Intensifs dès leur arrivée à l’hôpital. L’appel à partir du “pied de l’arbre” déclenchait le déplacement de “l’Hôpital Hors ses Murs”.
C’est cela le SAMU et il est bon de le répéter.
Cette médicalisation gérait efficacement pour le blessé cette compétition de l’Espace et du Temps.
Avec le SAMU il n’était plus nécessaire aux ambulances transportant des victimes de rouler, selon l’expression hélas trop souvent vraie “à tombeau ouvert”. L’accueil de la qualité de l’Urgence Hospitalière était dès lors brutalement posé.
C’était en 1968.

Les appels au SAMU se sont diversifiés et étendus, au-delà de la traumatologie, sur tout le champ médical et chirurgical de l’Urgence.
L’appel nécessitait une réponse adaptée aux besoins, dès lors que tous les cas ne relevaient pas d’un acte médical de la même nature (soins légers, soins de réanimation, etc.). Les départs d’ambulances “lourdes” ne pouvaient être systématiques et le recours à des médecins généralistes de garde rapprochait les médecins hospitaliers et les médecins de famille.
Dès lors, le Savoir-faire Médical “au pied de l’arbre” remettait en question l’enseignement délivré sur l’Urgence pour tenir compte de la polyvalence des actions de terrain où, désormais, l’environnement prendrait une place importante. La collaboration dépendrait à l’avenir d’une étroite concertation pour les programmes d’enseignement, entre les spécialistes, les généralistes et le secourisme. L’approche de l’Urgence sur le plan de la prévention et de la thérapeutique était à revoir.
C’était en 1980.

Les Professionnels de Santé et les Pouvoirs Publics ont été placés face à des problèmes qui, dans l’organisation de la médecine, n’étaient pas toujours en phase avec leurs priorités traditionnelles. L’étude de l’Accueil des Urgences a suscité de nombreux rapports (1985 – Rapport de la Commission Nationale d’Anesthésiologie – Pr. L. Lareng / 1986 – Rapport du Conseil Économique et Social – Pr. A. Steg / 1987 – Rapport Pr. G. Barrier).
Ils conclurent tous que l’amélioration de l’accueil des Urgences exigeait une médicalisation mieux assurée en nombre et en séniorisation, ainsi que le rapprochement permanent des services hospitaliers avec les médecins généralistes. La Loi relative à l’Aide Médicale Urgente et aux Transports Sanitaires (Rapporteur Pr. L. Lareng / 1986) a conforté, depuis le “pied de l’arbre”, l’appel à “l’Hôpital Hors ses Murs”, la mise en place du numéro 15 au niveau de tous les SAMU, l’intégration des médecins généralistes dans la réponse à l’Urgence, ainsi que celle des Transports Sanitaires. La Régulation à partir du SAMU Centre 15 devenait indissociable de la réponse à l’appel.
C’était en 1986.

Avec l’intégration de la Télémédecine dans l’Urgence, la connaissance de la nature de l’appel peut être optimisée et grâce à une concertation multidisciplinaire également la qualité de la Réponse. “L’Hôpital Hors les Murs” devient “L’hôpital sans les Murs”. À l’Avenir, la gestion du Temps et de l’Espace sera simultanément maîtrisée. D’ores et déjà les transferts ont considérablement diminué, les soins de proximité sont accompagnés et les transferts indiqués optimisés.
C’était en 1993.

La Télémédecine, avec les Hauts Débits, à condition qu’il soit procédé rigoureusement à la protection de la personne sur tout le parcours du circuit des données, va accentuer la présence médicale “au pied de l’arbre” en tout point du territoire et donner ainsi un accès à des soins de qualité pour tous. L’enseignement de l’Urgence, grâce à un partenariat varié et à une communication en Réseau, s’épanouira par le recours à la Télémédecine. Il en sera de même de la consultation simultanée de plusieurs spécialistes, au moment même de la détresse.
C’était en 2003.

Dans notre Société en transformation, il nous faut admettre cette évidence qu’il faut adapter les moyens aux besoins et non pas imaginer des besoins par rapport aux moyens. Il était temps de penser à nouveau à une nouvelle Loi sur l’Aide Médicale Urgente actualisant la Régulation, afin de résoudre, une fois pour toutes, les problèmes de surfaces pour les locaux d’accueil et de temps pour la Réponse à l’Appel. Par ailleurs, la naissance d’un livre de travail tel que “Le Guide d’Aide à la Régulation au SAMU - Centre 15” est de nature à faire progresser une réflexion sur un problème fondamental de Société. Il faut y réfléchir. “Il y a un temps pour tout, même si ce n’est pas dans l’air du temps” (Olivier Jay - Chronique sur LCI).
C’était en 2004.

Dans notre société en changement, le fonctionnement de la régulation, par la coordination du 15, du 18, du 115, du 112, voire du 17, réunissant à la fois le secteur public et le secteur privé, devient une évidence.
La complémentarité entre SAMU, Sapeurs Pompiers et ambulanciers privés a été reconnue par la Loi du 13 août 2004 relative à l’Assurance Maladie ainsi qu’à la même date, par la Loi relative à la Modernisation de la Sécurité Civile.
Lors d’une urgence, l’intervention de l’e-Santé situe le malade ou le blessé dans un environnement en particulier social et sociétal. Pour être efficace, il est nécessaire de maîtriser des effets néfastes collatéraux d’un cloisonnement incompatible avec l’urgence (Accueil des Urgences et SAMU, lits disponibles et SAMU, Services Sociaux et SAMU etc.).

Nous assistons à la fin d’un Monde, nous ne sommes pas heureusement à la fin du Monde. Me basant sur les très grandes avancées réalisées depuis l’accès des Hôpitaux au pied de l’arbre,

  • lle patient étant considéré non plus comme un Objet de Soins mais comme un Sujet de Santé (déclaration du Conseil National de l’Ordre des Médecins – 2007),
  • Madame la Ministre de la Santé présentant ce début d’année 2009 au Parlement une loi Hôpital-Patient-Santé-Territoires,

Je fais confiance à la dynamique des matins du SAMU.

Nous sommes en 2009.