Conseil médical

GENERALITES
28/12/2019
Document

Toute action de régulation comporte un conseil médical qui est une décision à lui tout seul, assorti ou non de l'envoi d'un moyen d'intervention. Ce conseil constitue une prescription médicale et engage fortement la responsabilité des professionnels du centre de réception de régulation des appels.

Conformément à la loi, le conseil médical doit résulter d'un dialogue sincère et véritable entre le médecin régulateur et le demandeur. Il doit logiquement recueillir le consentement éclairé du malade. Le recueil du consentement du demandeur est impératif lorsque l'on substitue le conseil à la demande exprimée par le malade. La prescription téléphonique ne figure pas spécifiquement dans la loi française. Toutefois une modification temporaire de prescription peut être proposée au malade, en énonçant très clairement les noms des produits et la posologie à administrer. La durée de cette prescription téléphonique sera limitée, et le malade sera invité à reprendre rapidement contact avec son médecin traitant. La bonne compréhension des conseils téléphoniques doit être vérifiée à chaque instant dans un souci de sécurité du malade, l'intérêt du patient étant l'objectif essentiel. La pratique du conseil médical s'accompagne de l'établissement d'un dossier, par l’ARM, permettant la traçabilité de l'acte.

 

Les différents types de conseil :

 

● La demande explicite d'un conseil :

Un interrogatoire clinique est mené afin de préciser clairement la pathologie présente. Les soins nécessaires sont énoncés au patient. Les moyens thérapeutiques à disposition de l'appelant, sa capacité à mettre en œuvre les conseils, l'aide que l'entourage peut apporter sont évalués. Si le conseil débouche sur une hospitalisation, cette décision et ses conséquences sont clairement expliquées, le médecin régulateur se chargeant d'organiser le transport et l’admission du malade en service hospitalier.

 

● Le conseil en substitution à une demande de renseignement :

Devant une demande de renseignement (numéro de téléphone du médecin de garde…), l’ARM doit juger si la situation nécessite un avis du médecin régulateur. Le demandeur est mis en communication avec le médecin régulateur en fonction du motif de recours et selon les protocoles propres au service.

 

● Le conseil en substitution d'une demande d'intervention :

Le demandeur a sollicité l'intervention d'un médecin ou un transport par ambulance. Le médecin régulateur doit mener un interrogatoire soigneux s'il estime pouvoir substituer le conseil à l'intervention du moyen demandé. La gravité réelle de la situation doit être mesurée avec soin et le dialogue doit permettre au demandeur de comprendre la décision souhaitable. Les soins nécessaires pour le cas décrit devront être reconnus comme préférables et mieux adaptés que ce que le demandeur sollicitait. Le renoncement du demandeur à ses exigences premières doit être correctement expliqué par le médecin régulateur et se conclure par un accord clairement exprimé du demandeur. La sécurité du patient est assurée à chaque fois par la possibilité d'un appel téléphonique en cas d'évolution de l'état du malade.

 

● Le conseil en attente d'une intervention :

Les gestes de premier secours peuvent être prescrits dans l'attente de l'arrivée des moyens adressés par le CRRA. Si ces conseils doivent être systématiques, ils doivent cependant être adaptés aux capacités de compréhension et de mise en œuvre de l'appelant. Il est donc nécessaire que le médecin régulateur évalue les capacités de son interlocuteur dans les circonstances où il se trouve.

Le médecin régulateur pourra utiliser des médicaments pris dans la pharmacie familiale dans le cadre d'une prescription préventive. Les précautions d'usage sont nécessaires dans ce cas, notamment en ce qui concerne l'allergie, les effets indésirables et les interactions médicamenteuses. La compréhension de la prescription par le demandeur doit être vérifiée avec soin par le médecin régulateur. Les gestes de secourisme peuvent être initiés par téléphone dès la réception de l'alerte par l’ARM, selon un protocole écrit disponible à la régulation.

 

● Le conseil à un intervenant en cours d'intervention :

Le médecin régulateur recevant un bilan d'un effecteur joue le rôle d'expert et apporte ses conseils à l'un des acteurs de l'urgence en les adaptant à son niveau de formation.

 

● Le conseil en matière de prise en charge sociale :

Les conseils dans le domaine social doivent être possibles à tout moment lors d'un acte de régulation. Des professionnels de santé chargés des questions sociales doivent pouvoir intervenir en temps réel dans la régulation. Les conseils sont précis en sorte que le demandeur puisse efficacement prendre contact avec les divers services sociaux dans les meilleurs délais. L'idéal est d'intégrer un travailleur social à l'équipe de régulation du SAMU.

Bibliographie
Labarère J, Torres Jp, Francois P, Fourny M, Argento P, Gensburger X, Menthonnex P.
Patient compliance with medical advice given by telephone.
Am J Emerg Med 2003;21:288-292
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